Chronique alphabétik

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Si le C n’a plus la cote, c’est que le K l’a mis K.O.

Vous l’avez peut-être remarqué, le K, onzième lettre de l’alphabet, opère depuis quelques années une remontée fulgurante laissant loin derrière lui le peloton des dix premières lettres. Il vient concurrencer le C jusqu’alors troisième sur le podium. Conquête sportive ou marketing, le K prend ses marques, s’affiche sur nos enseignes pour le plus grand malheur de la vieille grammaire : K par K, Kiloutou, etc.

Parce que le K est tendance campé sur ses deux pieds. Il est moins bancal que le C qui cultive son archaïsme et se repose sur ses acquis. Cette coquette lettre s’octroie une place de choix au coeur du dictionnaire. On le surnomme le cardinal.

« Si conventionnel, si cérébral », pense le K à l’égard du C. Autrefois camarades, ces deux-là n’ont pas fini de s’encanailler, déterminés à défendre leur territoire tels deux colons. Chacun sort sa carabine refusant de céder d’un pouce. La guerre du Cachemire se joue à deux sur l’échiquier…Castagne assurée.

Un combat sans merci vient d’éclater, à celui qui killera l’autre en premier. Le K voudrait casser le gueule du C, la réduire en bouillie comme on le ferait d’un kiwi. Une déstructuration faciale façon Kandinsky. Mais le C compte bien conserver son leadership. Il en dépend de sa cotation en bourse. Prêt à écraser ce cafard de K, il opère en catimini, monte une coalition avec le reste de l’alphabet. Ses informateurs, professionnels en cryptage de données, caftent le moindre mouvement de l’ennemi afin d’anticiper une contre-attaque. Cingler et châtier sont les maîtres mots de ce cruel cabaret. Le K, lui, ne se laissera pas faire. Il a une kyrielle d’atouts dans son sac. Il maîtrise le karaté et compte bien envoyer son adversaire tout droit au caveau où il lui portera des chrysanthèmes. Histoire de conserver un bon karma.

Ne pas courber l’échine. Courage, complaisance, critique et concurrence…les lettres entrent en campagne. Tous les coups sont permis dans ce duel où personne ne fera de cadeau à l’autre. Un kaléidoscope guerrier mais un seul vainqueur.

C’est le capharnaüm dans l’alphabet. Chronique capilotractée.