Hilight Tribe : « Une composition entre tradition et modernité »

Ils reviennent tout juste de Zagreb en Croatie où ils ont fait résonner leur natural transe, un pan de la musique électronique essentiellement instrumentale. 48H sans dormir, tout juste débarqué de l’aéroport, Ludo, percussionniste aux mains encore endolories, décroche le téléphone pour nous conter ce mouvement, cette musique chamanique qui fait vibrer les foules aux quatre coins du monde. Ce soir au Cap festival, les Hilight Tribe transcendent l’Aveyron.

Ludo, Greg, Mathias, Roots, Seb et Rishnu alias Hilight Tribe (Credit photo DR)

En juillet, vous étiez au Boom festival au Portugal, l’un des plus grands rassemblements transe de toute l’Europe, décrivez nous l’ambiance à Idanha a nova, cette paranthèse hors chrono?

Cette année on a eu la chance d’ouvrir le Boom avec un parterre de 23 000 transeux, que du bonheur. C’est la quatrième fois qu’on joue là-bas et c’est toujours une atmosphère tellement créative , qui se renouvelle sans cesse. Le Boom, c’est cette génération, la notre, qui s’est identifiée aux seventies et à Woodstock. On y retrouve une continuité dans l’époque présente avec une volonté de concrétiser des idéaux. Tellement de conférences se tiennent à Idanha a nova axées sur l’écologie, sur les modes de vie alternatifs autour de trente ou quarante nationalités différentes.

Et ce soir vous êtes en Aveyron, terre rurale loin de Goa. Autre destination, autre accueil ?

On est déjà venu jouer il y a quelques années, pour nous c’est le début du Midi, un petit coin de verdure. Le public est toujours réceptif, ouvert, diversifié. Près d’un tiers des dates qu’on fait en France ne sont pas dans des festivals 100% transe, et on adore ça. C’est une chance de pouvoir jouer aux côtés de Chinese Man, Max Roméo, Hight Tone. Une partie de notre public nous suit à l’étranger, en Croatie, au Portugal, ça les motive à voyager à rencontrer d’autres personnes, cultures, groupes. C’est aussi ça la transe. Des jeunes qui ont une pensée propre.

Hilight Tribe, c’est avant tout une performance scénique, quelle place occupe le studio dans vos créations ?

Les deux sont complémentaires comme dirait Greg, on transmet dans les deux cas. Pouvoir démontrer le travail accompli en studio est essentiel. Notre dernier album sorti en 2011, Live in India, a été enregistré à Bombay et durant toute notre tournée en Inde. On espère faire voyager notre public à travers ce live, lui donner un peu de tout ce qu’on a découvert, ressenti. D’ailleurs notre clip Shakanra, est un mix vidéo de notre voyage. C’est pour cela que Live in India c’est un film au-delà d’être un album.

Une fenêtre sur la culture Transe. Justement, comment vous définissez la transe par rapport aux autres styles de musique qui composent le paysage techno?

La Transe telle qu’on la connaît est née dans les années 1990 avec la transe goa, avec ses rythmiques répétitives presque liturgiques. Puis dans les années 2000 elle a évolué en psy transe, elle est en constante évolution, comme d’autres styles. La minimale des années 1990 n’est plus celle d’aujourd’hui. La transe est restée fidèle à une communauté techno. Où que l’on aille, au Boom, à Ko Phan Ghan en Thaïlande, à Goa en Inde, ou au Japon, ce sont les mêmes potes, les mêmes groupes. C’est une communauté, un style de vie.

Hilight Tribe affiche son côté natural transe…acoustique.

Notre transe est plus tribale, instrumentale. Sur scène on est un des seuls groupes à faire de l’électro avec nos instruments, percussions, didgeridoo, guitare, voix, sans quasiment aucune assistance ordinateur. Mais on ne rejette rien, on est très attiré par les nouvelles technologies et on cherche sans cesse à mélanger le moderne et l’ancien, la transe techno et traditionnelle

Vous voyagez sans cesse, toujours en tournée aux quatre coins du globe. Quand est-il de vos périples personnels ?

Je rêve de rencontrer les Amérindiens du nord comme du sud. J’ai eu la chance d’assister à des pow-wow (rassemblement chamaniques) et rencontrer le petit fils de Crazy Horse (un des leaders Lakhotas). On voyage comme on peut avec nos instruments. On joue du didgeridoo d’Australie pourtant on n’a jamais eu la chance d’y aller mais on est connecté avec les Aborigènes. Pour nous se sont nos aînés, on est connecté avec toutes ces tribus qui sont notre héritage culturel et philosophique pour créer le monde de demain. Plus harmonieux. J’ai pu partir à la frontière du Tibet, rencontrer les habitants, je tâche d’apprendre leur langue depuis onze ans. J’adore leur humour, très puissant. On reste en contact et j’espère que ça va continuer. Nous on a que deux mois par an, on essait de faire le maximum, certains partent au Maroc, d’autres en Afrique, on s’éparpille et on prend tout ce qu’on peut acquérir en voyage. En tournée, on ne reste que deux trois jours dans une ville, c’est très peu au final. Au Japon ou au Brésil on a pu demeurer trois semaines sur place ça nous a permi de découvrir davantage le pays, ses cultures. Mais ça reste rare.

La transe s’inspire avant tout de la transe traditionelle celle des Gnawas au Maghreb, des chamans, des Sâdhu en Inde, Hiliht Tribe cherche également à transmettre une spiritualité ?

On ne veut pas attirer des gourous, quels qu’ils soient. Et si on a tous nos pratiques personnelles, en tant que groupe on préfère se cantonner à la musique pour transmettre cette culture transe, sans inculquer une quelconque doctrine. C’est un état d’esprit de liberté avant tout. Les freedoms fighters. J’aime autant la science, qui est selon moi une bible ouverte sur la nature, que les rites chamaniques comme j’ai pu en faire avec les Sâdhu. On est toujours dans cette composition entre tradition et modernité.

Un tracé de vos prochaines dates ?

On enchaîne jusqu’à Bordeaux en novembre, et puis l’Inde pour clôturer la tournée…On ne peut pas trop s’avancer, mais ce sera une grosse surprise.

propos recueillis par Elodie Cabrera

Laisser un commentaire